Scott Molina, The Terminator
Par QK Chris et Rogue Coe
Photo. Lois Schwartz
1. Vous avez fait partie du légendaire Big Four avec Dave Scott, Scott Tinley et Mark Allen. Malgré la compétition entre vous et qui a fait que votre groupe est devenu le plus titré de tous les temps, Existait-il une réelle amitié entre vous et vous êtes-vous aidé les uns les autres durant toutes ces années ?
Il est important de noter que lorsque nous avons commencé le triathlon, nous n’avions ni primes de courses ni argent. Nous pratiquions ce sport car nous l’aimions et pour aucune autre raison. L’absence d’argent nous a permis d’être tous des amis bien que nous soyons des gens extrêmement compétitifs. Quand l’argent a commencé à faire son apparition, Mark Allen, Scott Tinley et moi étions dans la même équipe de San Diego et nous nous entraînions ensemble quotidiennement. Cela a créé une forte amitié entre nous, amitié qui a duré 12 ans ! Cela aidait énormément de s’entraîner avec ces gars-là tous les jours et nous le savions tous. Cela nous a permis de rester meilleurs que les autres.
Dave Scott vivait pour sa part en Californie du Nord et ne participait pas à beaucoup de courses. En fait, on ne le voyait pas beaucoup. Nous avons commencé à apprendre à le connaître que bien plus tard lorsqu’il est venu s’installer à Boulder dans les années 90. Il était entraîneur et nous avons commencé à nous fréquenter davantage. Il est même devenu le coach de ma femme Erin Baker après qu’elle ait accouché de son fils en 1993. Cette année-là Erin termine seconde de l’Ironman d’Hawaï et depuis, Dave et moi sommes restés d’excellents amis. 
2. Pourriez-vous définir le triathlon en trois mots ?
Persévérance, endurance et implication.
3. Quel est votre meilleur souvenir en triathlon ?
Il s’agit d’une question très difficile ! Peut-être ma victoire en 1984 sur le World’s Toughest à Lake Taohe en Californie. C’est sur cette course que j’ai compris que je pourrai gagner de l’argent et vivre longtemps de ce sport. Je suis littéralement tombé amoureux de ces montagnes.




4. Vous avez gagné l’Embrunman en France, vous êtes le premier vainqueur de l’Ironman de Nouvelle-Zélande, ainsi que de celui d’Hawaï, pour ne citer que quelques-uns de vos succès. Quelle course vous a le plus marqué ? 
J’ai de nombreux souvenirs de toutes ces courses pros. Parmi tous ces souvenirs, la course de Provo, dans l’état de l’Utah, est probablement le plus beau puisque c’est à cette occasion que j’ai rencontré Erin, ma future femme, pour la première fois. Nous avons commencé à sortir ensemble, puis elle est venue à Boulder avec moi et nous ne nous sommes plus quittés depuis. 
5. Que pensez-vous de l’évolution du triathlon ?
La progression a été fabuleuse. J’aime tous les aspects de cette dernière sous toutes ses formes. La seule chose qui me désole c’est qu’il n’y ait pas plus d’argent à gagner pour les triathlètes. Après 35 ans, les primes de courses n’ont pas augmenté d’un centime ! C’est une vraie reculée si l’on considère l’inflation qu’on a connu depuis. La qualité des athlètes est bien meilleure qu’autrefois. J’adore regarder les courses des tops triathlètes comme les courses ITU par exemple. 
6. Vous êtes entraîneur, un grand champion du passé et le mari d’une grande championne, Erin Baker. Est-ce la raison pour laquelle le triathlon est un art de vivre pour vous ?
En effet le triathlon est pour moi un art de vivre. J’adore toujours apprendre des choses sur le coaching et la préparation physique. J’adore toujours le challenge de se préparer pour des événements de tous types. Je m’entraîne d’ailleurs toujours entre 15 et 30 heures par semaine ! Cela va juste beaucoup moins vite…
7. Pour beaucoup de triathlètes, Hawaï est LA course à faire. Est-ce qu’il est difficile de courir à Hawaï ?
Hawaï est une course extrêmement difficile. C’est essentiellement le plateau qui rend cette course super difficile, la chaleur également. Certains athlètes sont très forts dans ces conditions de chaleur extrême. J’ai toujours eu beaucoup de mal avec ça ! Je me suis entraîné dur durant de nombreuses années avec Mark Allen et Scott Tinley et ils résistaient beaucoup mieux que moi à cette chaleur. J’ai toujours préféré les courses où il faisait moins chaud. 
8. Vous avez gagné un ultra-man, un évènement qui durait trois jours. Est-ce toujours du triathlon ?
Il s’agit d’un souvenir fabuleux. J’ai toujours aimé me fixer des challenges redoutables. Le retour á la nature m’a également fait comprendre toutes les raisons pour lesquelles j’ai commencé ce sport. Je pense que je le referai un jour. 
9. Que pensez-vous du drafting que l’on voit de plus en plus dans les grandes courses ?
Je pense que c’est une bonne chose pour notre sport. J’adore regarder les courses ITU. J’aurai juste espéré qu’il existe, avec drafting, des courses plus longues avec des parcours vélo plus difficiles. J’adorerai voir un 70.3 avec drafting sur un parcours vélo super dur comme Embrun. Les vrais cyclistes auraient une chance de gagner. 
10. Vous êtes entraîneur, quels conseils donneriez-vous à un enfant qui commence le triathlon ?
Je lui dirai fonce et reste raisonnable dans ton entraînement. Bien sûr, il est important d’apprendre à nager bien dès le début. La priorité serait donc la natation jusqu’à ce qu’il arrive à nager le 100 mètres sous la minute (1:03 pour les filles). Je lui dirai aussi, fixe toi des objectifs et entraîne toi tous les jours pour les atteindre. Quand j’étais adolescent, de nombreux enfants de ma région, la Californie, s’entraînaient très dur et longtemps, ce qui ne les empêchaient pas bien travailler à l’école, d’avoir des amis, de voir la famille, etc… Je pense qu’on se focalise trop désormais sur le fameux « burning out » et la conséquence c’est qu’il existe très peu d’enfants qui réussissent dans les sports d’endurance. D’autres pays, comme le Kenya par exemple, voient le sport de haut niveau comme une opportunité de vie ainsi que la possibilité de développer son caractère et son aptitude à souffrir. Prenez les frères Brownlee par exemple, ils ont commencé le triathlon très tôt et ils ont l’air bien heureux. J’étais un enfant comme eux. J’adorais le sport étant enfant et je ne pouvais pas m’empêcher d’en faire. Et mes parents n’ont jamais cherché à me retenir.
Merci Scott