jeudi 23 février 2017

Pauli Kiuru, mémorable gagnant de l'Ironman Nouvelle-Zélande en 1990




 Par QK Chris et Rogue Coe


Pauli Kiuru, triathlète finlandais plusieurs fois vainqueurs d'Ironman en Australie et Japon et mémorable gagnant de l'Ironman Nouvelle-Zélande en 1990 avec le plus petit écart jamais enregistré.


Photo. Lois Schwartz, Competitor Magazine


Portrait Athlète : Pourriez-vous nous définir le triathlon en trois mots ?

Pauli : Ténacité, endurance, confiance en soi.

PA :  En 1990 en Nouvelle-Zélande, vous avez remporté une extraordinaire victoire qui restera comme un des moments magiques du triathlon. Est-ce votre plus belle victoire ?

Pauli : Il s’agissait de ma première victoire officielle sur un Ironman et par là même, bien entendu, un souvenir mémorable. Cette victoire m’a apporté beaucoup de confiance en moi-même.  Mais ma victoire ou mes victoires favorites demeurent encore de nos jours mes courses gagnées à l’école à l’âge de neuf ans. J’avais gagné le cross, la course de ski de fond et celle de patinage de vitesse. Il s’agissait des trois disciplines que nous avions à l’école et je les ai gagnées toutes les trois. À l’âge de neuf ans j’ai réalisé que j’avais un certain talent pour les sports et je pense qu’il est très important pour un jeune garçon de réaliser qu’il possède certains atouts. 

PA : Quel est le plus beau triathlon auquel vous ayez participé ?

Pauli : J’ai eu l’immense chance de participer à des événements très bien organisés et dans des décors somptueux. Il est difficile de dire quel est le plus beau. J’ai particulièrement apprécié l’Ironman d’Hawaï  avec son océan bleu, ses volcans, ses paysages de lave, sa chaleur extrême et son humidité.

L’Ironman d’Australie à Foster-Tuncurry est un autre endroit mémorable à mes yeux en raison de sa beauté et de son atmosphère chaleureuse. Je suis retourné dans ces deux endroits depuis que j’ai pris ma retraite sportive. Christchurch, en Nouvelle-Zélande est également un endroit fabuleux, sans aucun doute l’endroit le plus fantastique pour l’entraînement et les camps de longue durée. Mes amis qui y résident, Scott Molina et John Hellemans me manquent beaucoup…

PA : Hawaï est pour beaucoup un triathlon très dur.  Vous êtes monté trois fois sur le podium.
Que pensez-vous de ce triathlon?

Photo: Fotopress/NZ Herald
Pauli : Hawaï est l’endroit où se trouver pour ceux qui veulent se faire un nom dans le triathlon. Il s’agit du défi ultime en termes d’endurance et de volonté. Les moments les plus inoubliables de ma carrière dans cette course se sont déroulés juste avant le départ natation quand le soleil commençait à se lever derrière le volcan. Le plus dur du travail avait été effectué et il s’agissait également d’une forme de soulagement. Enfin, la compétition était sur le point de démarrer, c’était comme arriver sur le champ de bataille, le décompte final était lancé.

PA : Vous étiez un utilisateur assidu des cardio fréquencemètres. Pouvez-vous nous dire quels étaient les bénéfices de cet instrument ?

Pauli : Polar Electro était l’un de mes sponsors majeurs. Il est bien évident que vous vous devez d’être loyal envers vos sponsors, c’est le premier point. Deuxièmement, mon entraînement était particulièrement axé sur les données scientifiques et la planification. Je n’étais pas particulièrement talentueux mais plutôt extrêmement bien organisé et je possédais des objectifs précis. Troisièmement, m’entraîner sur mes bases cardiaques m’a permis d’éviter les blessures.

Je ne consacrais à mes entraînements les plus intensifs que 26 heures hebdomadaires, c’était beaucoup moins que la plupart des athlètes. C’est la raison pour laquelle je n’ai jamais eu à souffrir de blessure majeure, ni mineure d’ailleurs, durant mes dix années de triathlète professionnel. C’est une énorme satisfaction pour moi.

PA : Que pensez-vous de l'évolution du triathlon?

Pauli : Je n’ai pas vraiment suivi l’actualité du triathlon ces dernières années. En revanche, je suis très heureux de constater que le triathlon devient de plus en plus populaire en Finlande. Nous avons beaucoup de nouvelles compétitions qui sont venues s’ajouter à celles qui existaient déjà auparavant. Et bien entendu, nous avons de plus en plus de participants sur ces courses. Sur le plan international, il m’est difficile de vous livrer des commentaires dans la mesure où je ne suis pas l’actualité de suffisamment près.

PA : En 1994 à Hawaï, vous terminez 207ème en 10 :08 :25. Que s’est-il passé pour le grand champion que vous êtes ? 

Pauli : 1994 a été une année durant laquelle j’ai énormément appris. Cette course à Hawaï a été un véritable désastre depuis le début. Ce fut une grosse erreur de prendre le départ cette année-là. Tout était clair bien avant la course mais je n’étais pas capable à ce moment-là de le découvrir et de me l’admettre à moi-même. J’étais mentalement épuisé et je n’étais pas concentré sur l’objectif. J’aurai dû faire l’impasse sur cette édition. Plusieurs signaux m’avaient averti. La motivation me faisait tout simplement défaut.

En juillet, j’avais terminé second de l’Ironman du Japon malgré un manque total d’intérêt pour la course. L’entraînement était devenu une routine quotidienne de bureau. Après le Japon, j’aurai dû modifier mon calendrier et d’ores et déjà préparer mes objectifs de 1995. En plus de tout cela, une semaine avant Hawaï, j’ai appris que mon père était atteint d’un cancer. De mauvaises nouvelles n’ont cessé de jalonner cette année 1994. Ce que j’ai retenu de cette année-là et que j’ai bien conservé à l’esprit ? N’oublie pas de te reposer, n’hésite pas  à dire non et amuse-toi.

PA : Pouvez-vous nous dire pourquoi l'Ironman d'Australie vous a autant réussi?

Pauli : Les gens étaient tellement gentils et me supportaient beaucoup. Les parcours vélo et course à pied étaient presque tout plats, ce qui me convenait parfaitement. L’Ironman d’Australie venait également couronner mon camp d’entraînement de trois mois à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, j’étais donc bien préparé.

PA : Vous étiez un triathlète qui se gérait tout seul sans manager ni agent. Pourquoi ce choix ? Augmentait-il la pression?

Pauli : Malheureusement je n’avais pas d’autres solutions. Le Triathlon était un sport nouveau dans les années 80 et 90. Il était quasiment impossible de trouver un manager en qui faire confiance et qui soit compétent. Le mauvais côté c’est que cela me coûtait beaucoup de moi-même et que je sacrifiais du temps à ma récupération. Je n’étais pas dans une configuration optimale. J’avais des objectifs d’ordre financiers très clairs et je me devais de les atteindre.

PA : Avez-vous des projets de triathlon dans l'avenir ?

Pauli : Je n’ai plus de connexions très proches avec le milieu du triathlon. Je ne fais plus qu’un triathlon par an en participant à un relais. C’est très amusant et je ressens un peu de nostalgie parfois avant le départ de la natation. À la fin du mois d’avril, je dois prononcer un discours au salon du triathlon d’Espoo en Finlande. Le triathlon m’a tellement donné que j’essaye de le lui rendre un peu.

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